C’est un débat de fond au sein de la communauté des référenceurs mais qui est revenu il y a quelques jours : celui du rôle du SEO, plus particulièrement de la définition du celui-ci. Sylvain Richard, une figure en France dans le domaine, met en avant l’aspect « rentable » pour le client de son investissement en la matière. Je suis à la fois d’accord et mitigé sur ce débat car tout n’est pas blanc/noir et il est très difficile d’avoir une réponse incontestable et voici pourquoi.
L’évolution du SEO : de la performance au pragmatisme
Les mises à jours de l’algo de Google ont aussi fait évoluer le métier initial de référenceur. ‘l’âge d’or » du milieu des années 2000 où ranker consister à bourriner les balises méta keyword, de keyword-stuffer et de lancer des centaines de liens sur des sites de CP et autre digg-like est désormais révolu. Bon nombre d’agences et de SEO travaillant à la performance sur résultat ont disparu ou ont changé de mode de fonctionnement.
Maintenant que beaucoup d’entreprises ont compris l’intérêt du SEO dans leur business modèle, et que certaines ont connu la joie de la pénalité manuelle ou algo, les attentes ne sont évidemment pas les mêmes. Il y a désormais un besoin de résultat mais avec une prise en considération du capital ‘risque’ de ce genre de chantier. Car rappelez-vous, Google refuse que vous fassiez le moindre lien 🙂
Le vivier de clients n’étant plus un « trou sans fond », il est ainsi d’usage – et c’est tant mieux – de soigner ses prestations pour avoir une satisfaction de ceux-ci et donc des recommandations pour développer son activité.
Le rôle du SEO, c’est d’abord de « ranker »
Quoiqu’on en pense, un référenceur a pour mission de positionner un site donné sur un ensemble de requêtes voulues par le client. Et ce, même si le site est bancal, moche…etc… si vous êtes SEO à la base, vous n’êtes ni designer, ni graphiste ni marketeux et autre responsable expérience clients UX/UI !
Le client a en effet souvent une parfaite connaissance de son métier et donc se trouve légitime de souvent imposer ou se concentrer sur la poignée de requête qu’il juge incontournables.
La tentation déontologique serait peut-être d’aller plus loin en faisant des recommandations, mais peut-on blâmer des SEO qui ne font « que leur travail » ? Je ne crois pas. Même si je comprends bien que l’absence de retour sur investissement « direct »peut donner une sale réputation au SEO. Mais chacun est libre de prendre le rôle qu’il veut dans ce domaine, celà ne fera pas de vous un salaud.
Sans jeter la pierre donc, je pense néanmoins que pour le bien fondé de son activité et de sa réputation, un SEO se doit d’aller plus loin et s’il ne le peut pas, de s’entourer ou d’ acquérir des compétences dans des univers connexes.
Le SEO, c’est de la com’ et du marketing !
Je viens donc à la source de la problématique. Que ce soit du SEO, de l’affichage 4 par 3, de la pub télé…. l’intérêt du site est de rapatrier de la nouvelle clientèle…qualifiée !
Combien de fois j’ai entendu de la part de confrères : « je positionne le site de mon client, mais il arrive pas à transformer… », « mon site d’affiliation est joli, il ranke mais j’ai pas de commandes… » ou d’agences : »on a ramené beaucoup de visiteurs, mais on a pas eu d’achat ! »… « mon site est premier en local, mais je n’ai pas constaté de nouveaux clients… »je suis sûr que ce genre de remarque vous parle :). Et c’est normal, vous ne pouvez pas tout cerner un business d’un coup, il suffit qu’un élément soit bancal pour que rien ne fonctionne.
Le cas typique de client redouté, sont les « primo accedants en e-commerce ». Oui car, généralement ils ont investi du temps et de l’argent dans un projet auquel ils croient sans l’avoir vraiment testé. Et une des directives c’est d’avoir du trafic ET de se positionner sur des mots clefs recherchés – et très rapidement ! Et vous pouvez avoir un site joli, bien designé, avec toutes les bonnes pratiques que vous voulez… sans faire de chiffre :(. Pourquoi ? Parce que le site n’a pas été A/B testé, et parce que vous êtes peut être dans un secteur ou si vous n’êtes pas quelqu’un, personne n’ira vous voir ! (secteur du tee shirt, du high tech..bonne chance !). Il faudra donc y mettre les moyens pour être « incontestable » ou y aller par paliers.
Le SEO doit faire parti d’une stratégie globale
Si on veut un retour sur investissement, il faut donc avoir les compétences ou les moyens permettant de donner toutes les chances à un projet client. Car au bout du compte, si vous positionnez le site et qu’il ne marche pas, vous en serez les premiers tenu pour responsable 🙂 !
Il faut mettre donc les choses au clair avec le client : veut il ranker sur sa poignée de mots clefs ou veut il augmenter son chiffre d’affaires ? Irrémédiablement, si le site a un marketing foireux, des photos moches, un design à revoir et une expérience UX/UI désastreuse… le R.O.I sur une prestation de référencement n’est donc pas garanti !
Le SEO doit donc « valider » un ensemble de métriques et de pans marketing et non pas essayer de rattraper tant bien que mal des choses tordues. Celà dit, on peut toujours faire mieux et optimiser l’existant mais autant le tester au préalable avant de lancer la grosse artillerie.
Le difficile cas des attentes clients en terme de référencement
Difficile en SEO de garantir du résultat, en sachant que les moteurs peuvent vous tuer quand ils le veulent sans en fournir d’explications, et il est autant difficile pour un client d’entendre dire qu’il devra aligner les billets pour une prestation où les attentes ne sont pas garantis.
La frustration peut donc être de mise et le client peut se mettre en colère car pour une raison x ou y le site ne monte pas assez, pas assez vite, ne transforme pas… et l’opération in fine ne se trouve pas rentable tout de suite.
Des optimisations et opérations de SEO peuvent en effet avoir leurs résultats être décalés sur plusieurs mois comme celà m’est arrivé ainsi qu’à plusieurs de mes confrères. Le problème, c’est qu’en attendant on peut remettre en question votre savoir-faire et votre utilité de surcroît et vous envoyer balader… avant de se rendre compte aprés la presta que les premiers effets se font sentir.
On peut donc répondre parfaitement à des attentes clients et :
-décevoir sur le résultat en terme de R.O.I
-être rentable mais décevoir sur l’attente initiale
On peut aussi ne pas répondre parfaitement aux attentes clients et :
-le vexer sur son image de marque/son positionnement
-perdre une prestation car celui-ci se rend compte que ce n’est pas le SEO le probleme majeur
J’ai par exemple eu le retour d’un PDG d’une marque assez connue qui a des difficulté à exister sur le net (un vrai paradoxe !), et le SEO lui a posé la fameuse question : « votre marque, c’est quoi ? ».
-Le PDG : « C’est une entreprise spécialisée dans….bla bla bla »
-Le SEO : » Oui mais c’est quoi votre valeur ajoutée, votre identité , votre storytelling… ? » « Comment voulez-vous être perçus par rapport à la concurrence ? »
-Le PDG: [long silence] – « Bon écoute gamin, tu vas pas m’apprendre mon métier, contente-toi de faire ton boulot en nous positionnant sur notre [mot clef] et je ferai le mien » (sic)
Ce cas de figure est à ma grande surprise, très répandu, et c’est souvent la cause initiale :
- soit on veut être un énième acteur d’un marché existant en essayant de se positionner et d’en prendre une part
- soit on veut être un acteur « remarquable » d’un marché en y allant sous un certain angle ou en le bousculant (par le prix, par la qualité, son design, son usage etc…)
Et la plupart des clients n’ont pas choisi leur camp. Vous comprendrez donc qu’il y aura autant de situations qui font que le SEO dit « moderne » se doit d’évoluer vers du webmarketing. Le SEO offline et technique ne suffisant plus à l’heure actuelle.
Pour plus d’avis sur ce sujet :
*http://blog.axe-net.fr/le-seo-doit-il-prendre-en-compte-concretement-le-business-du-client/
Très bon article, je suis tout à fait d’accord.
à l’époque, le SEO c’était le gars qui faisait des trucs mystiques sur un site avec Google dans un coin ! Alors qu’aujourd’hui, c’est le gars qui doit être au centre de la stratégie webmarketing du site, car plus de 99% des éléments qui le compose ont un impact plus ou moins direct sur ces résultats !
être au centre, je n’irais pas jusque là mais en tout cas le SEO doit être dans la logique de marketing et de positionnement du site.
Article intéressant, mais attention à l’hypocrisie dans ce milieu !
En effet, devant Google, PERSONNE ne fait de liens artificiels ou de l’achat de liens. Mais en réalité, la plupart des agences qui proposent des prestas marketing font faire un bon gros tapis de BL par des sous-traitants.
Comme elles le font de manière assez intelligente, ça passe, mais le client paye principalement pour du lien alors qu’il pense payer en réalité que pour des trucs de -ing de ouf (inbound marketing, cross-selling, ad-selling, influencing, lobbying…)
Donc oui pour le webmarketing, mais il ne faut pas oublier que dans 99% des cas il y a du pur SEO derrière, et très souvent aussi de l’Adwords pour « garantir » un résultat…
Du parle de prestas particulière d’agence qui proposent de ramener du trafic ?
Re,
Je veux parler d’agences qui :
> soit proposent de ramener du trafic comme tu dis
> soit invoquent les dieux du marketing et de tous les mots-clés à la mode sans jamais évoquer le netlinking (parce que say le mal) mais qui le font en loucedé…
C’est le rôle du consultant que de montrer les points d’amélioration, d’appuyer la ou ça fait mal et de proposer une plan d’action réaliste, planifié et compris par tous pour y remédier.
Pour poser le bon diagnostic, il faut faire un bon bilan et le client doit jouer la transparence et accepter de passer sur le grill. C’est pour cela qu’il nous fait bosser. S’il n’est pas prêt à ce type d’exercice, les résultats risquent d’être décevant.
Pour ma part, je refuse de faire un devis lorsque j’ai un client qui n’accepte pas de jouer franc jeu.
Complètement d’accord, mais un consultant SEO n’est pas forcément calé en marketing, ni formé.(Ce sont souvent des gens qui viennent du developpement – contrairement à moi mdr).
Pour le client, tu as raison mais il arrive que le client soit persuadé d’avoir raison, et là c’est très compliqué : il peut accepter de passer sur le grill et refuser le diagnostic.
Monde cruel qu’est le SEO 🙂
Bon article qui illustre bien le rapport parfois difficile du SEO à sa clientèle, merci !
Excellent article ! Quand j’essaie d’expliquer à mon entourage (ignorant en SEO) en quoi consiste le référencement, je dis souvent qu’il repose sur 4 piliers : au-delà de la technique, du contenu et du netlinking, je considère la stratégie comme un élément à part entière dont on ne peut pas se passer.
J’ai eu le cas d’une agence qui voulait que je repense son site web mais était incapable de me citer ses atouts sur le marché ou de me décrire sa cible. Difficile dans ce cas de savoir quel est le degré de ladite cible, comment elle va s’exprimer sur un moteur de recherche quand elle souhaite une prestation que propose l’agence. Difficile de valoriser sur le site à travers l’architecture, le maillage, des expertises que le PDG est incapable de décrire…
Oui, on peut générer du trafic mais s’il n’est pas qualifié, ça ne va pas mener à de grands résultats en termes de business. Or, je pense qu’au-delà de la visibilité, si une entreprise investit sur son référencement, c’est pour avoir plus de CA, de leads, etc.
Je trouve donc qu’il faut être force de proposition avec une grande transversalité. Les clients avec qui je l’ai fait y ont toujours été très sensibles.
L’approche de ton article est bonne mais il faut faire la distinction entre prestation SEO et Webmarketing/marketing.
Cela doit être de suite signifié au client et le rôle bien défini dans le devis / contrat, etc …
Si le client au départ ne veux que du SEO (après que tu lui ai expliqué) c’est son problème, charge à toi de le lui rappeler lors d’un retour négatif.
J’ai eu le cas avec un site marchand : des centaines de visites / jour et pas de ventes. Les visites étaient a priori sur des requêtes d’achat, donc c’est que le site ou les prix étaient mauvais. Il lui a fallut quelques mois pour revoir sa stratégie web et refondre le site et penser marketing global. 😉
Je comprends ton point de vue, mais le probleme c’est que parfois le client n’a aucune idée de ce qu’est le SEO ! Il veut juste qu’il y ait du monde qui vienne dans sa boutique ecommerce en croyant – par erreur- que c’est comme si on déplaçait son magasin dans une rue passante et que ça va acheter par magie 😀
Hors, l’internaute arrive par les pubs et les requêtes, il a déjà une idée en tête et si on choppe pas le bon flux, c’est le bide, surtout si le site est bancal.
Quand tu découvres que de nombreux nouveaux ecommerce n’ont aucun feedback webmarketing en faisant leur truc à leur sauce dans leur coin avec le site qui plait au patron, tu te dois d’aller un peu plus loin que le SEO basique.
Problematique qui est différente d’un site qui fait déjà un peu de business et qui a besoin de plus de visibilité dans son domaine.
Pour moi, le rôle numéro 1 d’un SEO, c’est de ranker. Le reste appartient au webmarketing en général.
Même si tout SEO qui se respecte a des connaissances et compétences dans le marketing Internet (réseaux sociaux, blogging etc). La montée en compétence sur le spectre plus large du marketing se fait naturellement je pense avec le temps (si l’envie le permet bien sûr et cela dépend aussi du cadre de travail, bref je m’égare).